lundi 6 février 2012

Les temps commencèrent ainsi...

Il est dit que Tonacacihuatl, le Père Nourricier, et son épouse Tonacateculti, la Mère Nourricière, donnèrent naissance à un couteau de silex qui tomba sur terre et enfanta les 1600 dieux de l'univers.
Parmi cette multitude, les quatre plus puissants étaient Huitzilopochtli,

Huitzilopochtli, from the Codex Telleriano-Remensis (16th century)

Tezcalipoca, Tlaloc


Tlaloc, God of the Rain, Thunder, Earthquakes
Travail personnel Évocation du codex Borgia Eddo Wikimédia Commons

et Quetzacoatl.

Published in the Codex Borbonicus, 16th century, author unknown

Le premier représentait le Sud, le feu, la chaleur et le sang.
Le second était le dieu du Nord, de la nuit, de la mort et de la guerre.
Tlaloc, lui, venait de l'Est et dispensait l'eau et la fertilité.
Quant au dernier, Quetzacoatl, le Serpent à Plumes, il arrivait de l'Ouest avec l'air, la lumière et la vie.
Il est dit aussi que les dieux créèrent les hommes pour être leurs serviteurs, utilisant pour cela un peu de sang trouvé sur de vieux ossements de Tezcalipoca. Mais les hommes nés du sang se livrèrent à des guerres sans fin, et quatre fois les dieux durent détruire le monde qu'ils avaient façonné.
La première fois, ce fut le soleil qui s'éteignit.
La seconde, ce fut un vent magique qui souffla et transforma tous les hommes en singes.
Puis le feu et les volcans réduisirent en cendres le troisième monde avant qu'un déluge n'anéantisse le quatrième.
Et la prophétie dit que le cinquième monde, celui dans lequel nous vivons, périra dans un grand séisme. Le jour où fut créé ce cinquième monde, Quetzacoatl rassembla tous les dieux dans la plaine de Teotihuacan et leur demanda qui voulait se sacrifier pour que renaisse le soleil. Deux dieux parmi les 1600 s'avancèrent alors. Tecciztecatl était une divinité riche et puissante, tandis que Nanahuatzin était petit et sans grand pouvoir. Tecciztecatl commença à railler son faible compagnon, mais Quetzacoatl accepta les deux sacrifices afin qu'il y ait deux soleils dans le ciel et qu'ainsi la lumière ne cesse jamais.
Au moment du dépôt des offrandes, Tecciztecatl amena de riches présents alors que Nanahuatzin ne déposa qu'un buisson d'épines taché de son sang. Mais ce sang luisait étrangement dans la pénombre qui régnait en ce jour sur lequel le soleil ne s'était pas encore levé. Les deux divinités construisirent chacune une pyramide sur laquelle faire retraite avant le sacrifice. La pyramide de Nanahuatzin était plus grande car son manque de pouvoir l'avait habitué à travailler de ses propres mains.
Le quatrième jour, Quetzacoatl alluma le bûcher du sacrifice.
Tecciztecatl hésita à y entrer, recula plusieurs fois, mais quand il vit Nanahuatzin y entrer en marchant, il s'y jeta à son tour. On vit alors, à l'Est, apparaître un soleil de la couleur du sang de Nanahuatzin, bientôt suivi par celui de Tecciztecatl. Quetzacoatl jeta un lapin sur le peureux qui se craquela et se ternit, devenant la lune.
Mais malheureusement, les deux astres ne bougeaient pas et la terre cuisait sous la chaleur. Quetzacoatl décida que pour que le temps se mette en marche, il fallait que tous les dieux meurent. Il prit son arc et ses flèches et tua ses centaines de frères les uns après les autres.
Seul Xolotl, messager des dieux, réussit à s'enfuir, mais Quetzacoatl se lança à sa poursuite. Xolotl se changea en maïs, mais Quetzacoatl se changea en serpe.

The Aztec god Xolotl, from the Codex Telleriano-Remensis (16th century).

Xolotl se fit cactus, mais Quetzacoatl devint machette. Et c'est lorsque les deux divinités se furent transformées en salamandres que Quetzacoatl rattrapa le fuyard et le sacrifia à son tour. En mourant, Xolotl devint l'étoile du regret, la première étoile du soir.
Quetzacoatl, quant à lui, alla jusqu'au bord de la grande mer, à l'Est, et se confectionna son propre bûcher. De son sacrifice naquit la dernière étoile du matin. L'on dit enfin que Quetzacoatl, en mourant, promit de revenir dans ce cinquième monde qui devrait être le meilleur puisque les dieux sont morts pour lui.

Même s'il ne tient qu'à ces mêmes hommes, et à leurs propres sacrifices, d'avoir des dieux vivants. Ainsi commencèrent les temps.

Codex sur Wikimédia Commons

Bisous à tous

8 commentaires:

  1. c'est très interressant ! j'aime bien lire ces explications ! bisous

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    1. Moi aussi, je suis fasciné par cette culture, même si je m'y connais assez mal. Merci pour ce bel article!

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  2. Que de souvenirs!!! Mes enfants avaient un prof d'histoire fou de cette période, des codex... Il a disparu... Alors beaucoup d'émotion, je le connaissais bien et une triste fin, un peu à la façon de ce peuples....

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  3. Fascinante cette culture que je découvre, tu ferais un bon prof Claudine.

    Bisous et bon lundi.

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  4. Et bien, j'en apprends des choses incroyables ici ! je ne connaissais pas du tout ! j'aime les dessins en tous cas et bravo pour écrire tous ces noms étranges et compliqués.
    Merci beaucoup Claudine
    Gros bisous

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  5. Les illustrations feraient de merveilleuses broderies ou de superbes appliqués !

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  6. c'est sympa cet article ! bonne semaine !

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  7. chaque culture posséde ces régles ..;celle là n'est que ce que l'on peut croire où pas..;mais elle a le mérite d'exister... de se poser comme spiritualité ...elle peut se défendre ...elle permet de s'interroger en tout cas ..;çà c'est déjà un résultat...
    bien cet écrit...finement monté...bravo..j'ai aimé
    bonne soirée..;bisous
    claude

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