dimanche 29 janvier 2012

Les Nahuals

Comment un homme peut-il abattre le travail de dix en quelques heures ? Comment une femme, que l'on a vue à tel endroit à midi, peut-elle se retrouver une heure plus tard à tel autre, distant de cent kilomètres par la route ?
Cela semble impossible. A moins que l'homme ait soudain acquis la force d'un ours, à moins que la femme ait pu compter sur les ailes de la colombe. A moins, en fait, qu'ils ne soient des Nahuals.
Car il paraît qu'il est des hommes et des femmes qui peuvent se changer en animaux. Certains ne possèdent qu'une seule autre forme, comme s'ils avaient un animal fétiche, et d'autres sont capables, à volonté, de choisir le corps qui leur plait.
Si, en rentrant à travers la forêt, vous avez cru percevoir une étrange similitude entre le regard de ce chevreuil caché derrière son buisson, celui du hibou perché sur sa branche, et celui du renard qui a traversé la route devant vous, ce n'est peut-être pas un simple effet de votre imagination. C'est peut-être une seule et même personne. Alors agissez sagement avec les animaux. Ne soyez pas cruels. Car vous ne savez pas qui vous avez en face de vous. Et les hommes, eux, aiment à se venger.

Gros bisous à tous

mercredi 25 janvier 2012

Lord Byron

LORD BYRON.

Depuis de si longs jours prisonnier, tu t’ennuies,
Pauvre oiseau, de ne voir qu’intarissables pluies
De filets gris rayant un ciel noir et brumeux,
Que toits aigus baignés de nuages fumeux.
Aux gémissements sourds du vent d’hiver qui passe
Promenant la tourmente au milieu de l’espace,
Tu n’oses plus chanter ; mais vienne le printemps
Avec son soleil d’or aux rayons éclatants,
Qui d’un regard bleuit l’émail du ciel limpide,
Ramène d’outre-mer l’hirondelle rapide
Et jette sur les bois son manteau velouté,
Alors tu reprendras ta voix et ta gaîté ;
Et si, toujours constant à ta douleur austère,
Tu regrettais encor la forêt solitaire,
L’orme du grand chemin, le rocher, le buisson,
La campagne que dore une jaune moisson,
La rivière, le lac aux ondes transparentes,
Que plissent en passant les brises odorantes,

Je t’abandonnerais à ton joyeux essor.
Tous les deux cependant nous avons même sort,
Mon âme est comme toi : de sa cage mortelle
Elle s’ennuie, hélas ! et souffre, et bat de l’aile ;
Elle voudrait planer dans l’océan du ciel,
Ange elle-même, suivre un ange Ithuriel,
S’enivrer d’infini, d’amour et de lumière,
Et remonter enfin à la cause première.
Mais, grand Dieu ! quelle main ouvrira sa prison,
Quelle main à son vol livrera l’horizon ?


Bisous à tous

mardi 24 janvier 2012

Neige

Pour vous dire bonjour...

Chasse dans la neige Bruegel

Gaughin
Neige au crépuscule Claude Monet
Vlaminck Antique village sous la neige

Bon ! Vous l'aurez compris ! Je suis en manque...
Mais vous dire aussi que cela avance bien sur le blog Art et Histoire. Alors si vous voulez en savoir plus sur cet évangile et le camée, cliquez sur la droite...

Évangile de Rabula VI° siècle




Grand Camée de France. Camée en sardonyx à cinq couches, œuvre romaine, deuxième quart du Ier siècle ap. J.-C. H. 31 cm (12 in.), W. 26.5 cm (10 ¼ in.) Département des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de FranceLink back to Museum infobox template Marie-Lan Nguyen (User:Jastrow), 2008-04-07


Bisous à tous...

dimanche 22 janvier 2012

Petits poissons et coquillages

Lorsque la petite Alicia a eu cinq ans, elle a décidé qu'elle souhaitait aller à la plage au lieu d'organiser une fête comme d'habitude. Ses parents ont fait en sorte que son souhait puisse se réaliser, et ils tous partis pour Puerto Escondido. Arrivée là-bas, à la mer, Alicia voulait un petit poisson mais elle ne réussissait pas l'attraper à mains nues. Elle lui vint alors l'idée de prendre un seau et d'aller à la mer le remplir. Et là, surprise, elle a vu un petit poisson et un coquillage au fond. Elle revint de la plage aussi heureuse qu'on pouvait l'être. Elle décida d'appeler le petit poisson "Nadador" (nageur) car il était bleu comme l'océan. Le coquillage s'appela "Jota", comme la lettre J de l'alphabet espagnol, car même si ses parents ne la croyaient pas, Alicia prétendait qu'il pouvait parler.
Pendant ce temps, en France, la petite Léa se préparait elle aussi à passer ses vacances à Puerto Escondido. Et elle avait même réussi à convaincre ses parents d'emmener avec elle le poisson et le coquillage qu'elle avait trouvés quelques mois auparavant sur les plages de Normandie. Le poisson s'appelait "Arc-en–ciel", car il était multicolore et brillait au soleil, le coquillage s'appelait "Terre" car les sombres tâches sur sa carapace ressemblaient aux continents. Malgré de longues discussions à l'aéroport et dans l'avion avec les messieurs en uniforme, Léa parvint à emmener avec elle le sac plastique contenant le poisson, ainsi que le bocal dans lequel le coquillage se reposait sur une motte de terre. Au moment où ses parents croyaient qu'on ne les laisserait plus passer, il suffisait à Léa de sourire et les gens changeaient d'avis, comme si le voyage de Terre et de Arc-en-ciel était prédestiné, comme si rien ne pouvait l'empêcher. Arrivant à Puerto Escondido, Léa se précipita comme une flèche à la plage. Sur le sable, Léa aperçut Alicia, et lorsque les deux fillettes se rencontrèrent, elles virent qu'elles avaient chacune un poisson et un coquillage. C'est à ce moment là que Jota se mit à parler :
"Alicia et Léa, nous vous remercions de nous avoir fait nous rencontrer, Terre et moi, ainsi que Nadador et Arc-en-ciel. Nous devions nous rassembler pour que le Monde change et devienne meilleur. Vous allez voir le Monde se transformer devant vous, et vous serez les seules à savoir ce qui s'est passé."
Les deux fillettes virent Nadador plonger dans la mer, et le bleu de l'océan devint légèrement différent. Arc-en-ciel s'envola et dessina de nouvelles couleurs dans le ciel. Terre sortit de sa carapace et en trouva une autre sur laquelle les continents avaient une autre forme. Ce jour là, grâce à Léa et Alicia, la terre, le ciel et la mer avaient changé. Le monde était meilleur et il n'y avait que ces deux petites filles à savoir pourquoi.

Bisous

mercredi 18 janvier 2012

William Chapman Les Fleurs de givre

Charles François Daubigny (1817-1878) Huile sur toile 1873 Paris Musée d'Orsay

William Chapman — Les Fleurs de givre
L’Année canadienne
Janvier

Il fait froid. Les blizzards soufflent, et nul rayon
Ne dore des forêts les blancheurs infinies ;
Mais Noël sur nos seuils laissa comme un sillon
De clartés, de parfums, de paix et d’harmonies.

Et sur l’épais verglas des chemins boulineux,
Sur les trottoirs glissants et clairs comme l’agate,
Dans les logis obscurs, sous les toits lumineux,
L’allégresse loquace et tapageuse éclate.

En vain la neige à flots tombe des cieux brouillés,
En vain le grand réseau polaire nous enlace,
En vain le fouet du vent nous flagelle la face,
Nos cœurs ont la chaleur des bords ensoleillés.

Nos cœurs français n’ont rien des froideurs de la bise
Qui tord l’arbre souffrant et mort presque à moitié,
Et nous nous enivrons de la senteur exquise
Qu’épanche sur nos fronts l’arbre de l’Amitié.

Ce vif rayonnement de joie en tous sens brille
Et glisse jusqu’au gîte isolé du colon.
Aux tables des fricots le sel gaulois pétille,
Et tout un monde gigue au son du violon.

Les somptueux salons sont ruisselants de flammes,
Et sous le flamboiement des lustres de cristal,
Comme un écho divin, la musique du bal
Emporte en ses replis prestigieux les âmes.

Dans tout cercle du soir plus vive est la gaîté,
Pendant que sur les toits sanglote la rafale,
Ou qu’au ciel éclairci l’aurore boréale
Déroule les splendeurs de son voile enchanté.


Une série de poèmes que j'aime bien, tout comme les petits contes ou légendes que je vous propose. De moins en moins présente parce que je passe presque tout mon temps sur des recherches pour le blog Art et Histoire (j'aime ça !), je tombe souvent sur des images ou des textes que j'ai envie de partager avec vous. Alors j'espère que vous les aimerez aussi...
Je n'ai pas touché une aiguille depuis longtemps mais les envies reviennent doucement.
A bientôt
Bisous

dimanche 15 janvier 2012

La Cucaracha

La cucaracha est un gros cafard du Mexique, un insecte agile et rusé. Une fois, une représentante de l'espèce rouge (ou Colorada) vivait près d'un champ de marijuana et passait ses journées à fumer tranquillement, profitant de ce don de la nature. Passa alors près d'elle une représentante de l'espèce mouchetée (ou Pinta), qui se languissait des terres chaudes de son enfance, dans le nord du pays. Après une longue discussion et de nombreux verres de tequila, la Colorada accepta de suivre sa nouvelle amie dans son périple. A une condition : qu'il y ait suffisamment de marijuana sur le chemin, car il était hors de question qu'elle marche sans pouvoir consommer tous les jours son herbe préférée. La Pinta lui assura que tout irait bien de ce côté-là, ce qui n'empêcha pas la Colorada d'emporter avec elle un gros sac de réserves.
Les jours passèrent, les semaines passèrent, toujours plus au nord, mais la Colorada ne trouva rien lui permettant de renouveler un stock en nette diminution. Elle ne voyait que des champs de maïs, de haricots, de maïs, de piments, de maïs (ah là-bas… peut-être… ben non…), de haricots, de maïs, et ainsi de suite. Au bout du compte, il arriva bien un jour où elle fut à sec. Elle s'assit aussitôt sur le bord de la route, déclarant froidement à la Pinta qu'il était hors de question qu'elle continue à mettre une patte devant l'autre sans pouvoir fumer. En désespoir de cause, la Pinta se proposa de porter sa compagne, ce que celle-ci accepta de bonne grâce.
Le voyage reprit donc son cours, jusqu'au jour où elles croisèrent la route du révolutionnaire Pancho Villa. Celui-ci, qui pour une fois regardait en bas et pas vers l'avenir, les vit à temps et empêcha son cheval de les écraser. Leur ayant demandé pourquoi l'une portait l'autre, la réponse le fit tellement rire qu'il décida d'en faire le thème de la chanson de ralliement qui manquait à ses troupes. Il saisit sa guitare et composa l'air désormais célèbre, pas forcément de la grande poésie, mais bien entraînant comme il le fallait :

La Cucaracha, la Cucaracha, Ya no puede caminar (elle ne peut plus marcher)
Porque no tiene, porque le falta (parce qu'elle n'a plus, parce qu'il lui manque)
Marijuana que fumar (sa marie-jeanne à fumer)

Ne se sentant plus de joie, Pancho Villa proposa à la Colorada de devenir sa mascotte, en échange de toute l'herbe qu'elle voudrait. Comme on s'en doute, l'insecte accepta de bon cœur, et on lui fournit aussitôt un costume et un chapeau à sa taille, sans oublier pour la Pinta une selle faite avec un bout d'ongle de Pancho Villa. Car dès le lendemain, les révolutionnaires devaient attaquer la ville de Zacatecas. Ayant passé toute la nuit à fumer, la Colorada, dès l'aube, chargea à la tête des troupes, à côté du chef, et donna du courage à tout le monde. La ville tomba, mais la courageuse petite bête mourut au combat. On lui fit de grandes funérailles, avec un cortège mené par la Pinta, puis quatre oiseaux portant le brancard de la défunte, et enfin un rat d'église récitant des prières. Et tout le monde reprit en chœur ce chant qui, durant toute la révolution, allait faire trembler les tyrans et leurs sbires

Gros bisous à tous

dimanche 8 janvier 2012

Une histoire ?

Il est dit que les dieux, lorsqu'ils décidèrent du juste ordonnancement des choses, oublièrent dans leurs plans une petite lagune sur le flanc d'une montagne. La lagune était perdue, toute seule, et rétrécissait de jour en jour à force de pleurer son eau. La Ceiba Madre, la mère de tous les grands arbres ceiba de la forêt, aperçut la lagune. Elle sentit son cœur se serrer de la voir si triste, et elle décida de la prendre sur sa tête, dans ses branches, pour la faire voyager. La Ceiba Madre marchait lentement et bien droit pour ne pas la faire tomber, comme marchent aujourd'hui les femmes qui ramènent l'eau de la source dans de grands pots de terre.
Mais le vent, apercevant la lagune, se mit à lui murmurer des mots doux. Il lui en dit tant et tant qu'elle voulut s'enfuir avec lui. Alors il fit un cheval de nuages et l'emmena. A chaque fois qu'ils passaient au-dessus d'un lac, la lagune s'y mirait et arrangeait ses cheveux liquides. Le vent, quant à lui, finit par se lasser de cette lagune qui ne voulait que voyager et se refusait à faire l'amour. Il cabra le cheval de nuages, faisant basculer la lagune qui se mit à tomber, tomber, tomber…
Sept étoiles qui passaient par là la rattrapèrent, la saisissant chacune à un bout comme on tend un drap. La lagune avait eu si peur qu'elle était toute pâle. Mais malgré toutes ces aventures, elle ne voulait pas redescendre sur terre, et les étoiles l'emmenèrent à leur tour.
Cependant, au bout d'un certain temps, la lagune se remit à pleurer parce qu'elle s'ennuyait à toujours parcourir le même chemin. Les dieux l'entendirent et se mirent en colère contre cette petite lagune qui n'était jamais contente de son sort. Ils la condamnèrent à devenir la lune, devant se mirer sans fin dans le grand trou de la terre, le puits où les dieux gardent la lumière pour que les étoiles s'y abreuvent. Et quand la lune passe devant un lac, le miroir se reflète dans le miroir.
La Ceiba Madre fut punie elle aussi, condamnée à soutenir le monde sans possibilité de marcher ni même de bouger, de peur qu'il ne s'effondre.
Et ainsi, quand la lune croise une lagune, elle arrange ses cheveux comme font les femmes qui passent devant un miroir. Car chaque femme a reçu des dieux un petit morceau de lune, pour qu'il ne lui prenne pas envie de se faire promeneuse et de monter au ciel.


je ne sais plus où j'ai trouvée cette histoire. Si vous avez des informations, n'hésitez pas.
Gros bisous à tous

dimanche 1 janvier 2012

Bonne Année


Je vous souhaite à toutes et tous le meilleur ! Gros bisous et bon dimanche