mercredi 2 février 2011

Costumes d'enfants, miroir des grands (3 et fin)

Toujours des extraits du catalogue...

(...) Selon l'ancienne tradition chinoise, la vulnérabilité d"un enfant vient du fait que son âme n'est pas encore bien ancrée dans son enveloppe corporelle. Elle est donc susceptible de s'en échapper, ou, plus exactement, d'en être chassée par des esprits malveillants ou des fantômes de morts insatisfaits, appelés en chinois gui. Ces gui viennent tourmenter les vivants et profitent de la faiblesse des petits pour prendre la place de leur âme. Cette possession se manifeste par des comportements étranges de la part de l'enfant, des pleurs ou des colères injustifiés, des maladies ou, pire encore, un décès. Afin d'éviter ces situations, les parents placent des amulettes en forme de cadenas autour du cou de leur nouveau-né : il s'agit littéralement de cadenasser l'âme de l'enfant à son corps. Mais bien d'autres méthodes sont employées : il s'agit soit d'effrayer, soit de duper ces gui. Que craignent-ils exactement ? Tout d'abord, les gui ont peur du bruit. Des clochettes et des grelots, accrochés à des chaînettes métalliques ou dissimulés dans les pompons sont cousus sur les chapeaux et les chaussures des jeunes enfants : chaque pas et chaque mouvement de la tête s'accompagnent de tintements qui font déguerpir les fantômes. Les gui ont également peur de certains animaux, comme les tigres, les chiens et les chats qui sont capables de les détecter. Il est donc d'usage de représenter ces animaux gardiens sur chapeaux, chaussures et cols portés par les enfants afin que leur image et leur présence empêchent les démons d'approcher. Le tigre est l'animal le plus couramment représenté, car il a la capacité non seulement de voir les gui mais de les dévorer. Quant au chien, qui protège son maître et son territoire, ses qualités de loyauté et de fidélité sont à l'origine du pouvoir prophylactique attribué à sa représentation. Des poils de chien entrent également dans la composition d'une amulette protectrice cousue dans le vêtement du nourrisson.

(...)L'une des parades adoptée consiste donc, par la parole ou l'apparence, à minimiser délibérément l'attachement et la considération que les proches portent à l'enfant afin que les démons désintéressés, ne cherchent pas à le tourmenter.
Durant les premières années de la vie d'un enfant, il est donc d'usage de ne pas employer d'adjectifs positifs pour le décrire, mais, au contraire, d'exprimer à haute voix l'inverse de ce que l'on pense : on dira donc qu'il n'est pas assez potelé, qu'il est stupide, qu'il est vilain. Cette même logique détermine la façon dont on s'adresse à lui. (...)
Ce nom de "lait" (jusqu'à 6, 7 ans) est volontairement ridicule, voire dépréciatif, tel que "petit cochon", "chien de printemps", "petit idiot" ou "vagabond". Abusés par ces leurres, les esprits passent leur chemin.(...)



De même que la parole, une apparence trompeuse peut induire les gui en erreur. Plusieurs ruses sont déployées en ce sens. coiffé d'un chapeau aux oreilles de chiens, le petit garçon devient un animal de compagnie insignifiant. Habillé de vêtements de fille et le lobe percé d'une boucle d'oreille, il devient une fillette jugée sans intérêt. Revêtu d'une veste multicolore, dite "des cent familles", l'enfant est également en parfaite sécurité. En effet, il était de coutume qu'à la naissance d'un garçon, ses parents parcourent le village et réclament à chaque famille un petit bout de tissu. A partir de ces morceaux d'étoffes diverses, sa mère confectionnait une veste en patchwork, dite "veste des 100 familles". La protection conjointe de ces familles, matérialisée par chacune des pièces de tissu du vêtement, assurait la sécurité du garçon. Le pouvoir prophylactique de cette veste pourrait également s'expliquer par la supercherie visant à donner à l'enfant l'apparence d'un moine. Sa technique de confection en patchwork la rapproche en effet de celle du manteau kashaya, fait d'un assemblage de fragments de tissus usagés, porté par les moines bouddhistes. Le vœu de célibat des moines bouddhistes était considéré par la morale confucéenne comme l'un des péchés les plus graves, car un moine déshonorait son père et son clan en n'assumant pas son devoir de fils de donner un héritier. Un jeune garçon vêtu en moine bouddhiste signifiait donc aux esprits qu'il n'était pas chéri par sa famille, et cela lui assurait une forte protection. (...)

Il y aurait encore des milliers de choses à dire mais je ne peux pas vous copier tout le catalogue...
Bisous à toutes

2 commentaires:

  1. beaucoup de travail pour réaliser ces costumes d'enfants qui sont superbes ! bisous

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  2. Tout est vraiment très beau et quel travail de broderie sur ce vêtements...
    A bientôt,
    Tatiana

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