mercredi 16 mai 2012

Joseph Delorme A David (sonnet)


Joseph Delorme POÉSIES
A David sonnet


 David d’Angers    XIXe siècle Auteur inconnu Source : Louis Huart, Charles Philipon, Galerie de la presse, de la littérature et des beaux-arts, Paris, Aubert, vol. 1, 1841.Cette image est dans le domaine public car son copyright a expiré.
 Statuaire

À l’heure où l’on est loin de la foule envieuse,
Quand la neige, à minuit, lente, silencieuse,
      Tombe aux toits endormis,
Et que seul, ô David, dans ton atelier sombre
Tu veilles au milieu de tes bustes sans nombre
      Comme au milieu d’amis ;



 Modèle du bronze d'Ambroise Paré par David d'Angers 1839 - Musée David d'Angers - Angers (Maine-et-Loire) Selbymay/Wikimédia Commons

Quand ton poêle s’éteint ; quand ta lampe mourante
Tremble à tous ces fronts blancs, et, comme une âme errante
      Passe et joue à l’entour,
Bien des fois, n’est-ce pas ? l’enthousiasme austère
Par degrés te saisit et t’enlève à la terre,
      Épris d’un noble amour !

 
 Modèle du bronze de Marie François Xavier Bichat par David d'Angers - Musée David d'Angers - Angers (Maine-et-Loire) Selbymay/Wikimédia Commons

Tu penses à la gloire, à l’oubli qu’on redoute,
À semer ici-bas le marbre sur la route
      Où d’autres vont venir,
À prendre rang un jour au Panthéon sublime
Des hôtes immortels que ton ciseau ranime
      Et garde à l’avenir.

 
 Modèle du marbre de Charles-Artus de Bonchamps par David d'Angers - Galerie David d'Angers - Angers (Maine-et-Loire) Selbymay/Wikimédia Commons

Et déjà sous la lampe et ses rayons débiles,
Tu vois autour de toi tes marbres immobiles
      Frémir et s’ébranler,
Ils vivent : un regard sort de chaque paupière ;
Comme le Commandeur, tous ces hommes de pierre
      Te font signe d’aller.


Mausolée de Markos Botzaris David d'Angers Steven Constantine(Wikipedia_Corporation)/Wikimédia Commons
 
Et bientôt, s’agitant, ils passent sur ta tête,
Puis repassent ; et toi, tu voudrais à la fête
      Suivre ces grands vieillards :
Telles sur Ossian, au sein des nuits neigeuses,
Se penchent des aïeux les Ombres voyageuses
      Que bercent les brouillards.

 
Philopœmen blessé 1837 Hauteur : 229 cm. Largeur : 91 cm. Profondeur : 98 cm.Commande de Louis-Philippe, 1831 Musée du Louvre Marie-Lan Nguyen /Wikimédia Commons

Le pan de leur manteau flotte aux vents et te touche ;
Ému, tu sens la voix expirer à ta bouche
      Et tes yeux se mouiller ;
Et l’extase pour toi prolonge ce beau rêve,
Jusqu’à ce que ta lampe en mourant te l’enlève
      Et te vienne éveiller.


 Modèles des statues de Damnacus, Roland, Charles d'Anjou, Philippe Auguste, Louis I Duc d'Anjou Roi de Sicile, Robert le Fort par David d'Angers - Galerie David d'Angers - Angers (Maine-et-Loire) Selbymay/Wikimédia Commons

Hélas ! dans les cités la foule qui sommeille ;
Çà et là, vers minuit, l’artiste en pleurs qui veille
      Et lève au ciel les bras,
Et quelques noms sacrés que toujours lui ramène
Un ardent souvenir, c’est là la gloire humaine,
      David, et tu l’auras !


Copie de la statue de Gutenberg de Strasbourg (Place Gutenberg) par David d'Angers . Dans la cour des anciens bâtiments de l'Imprimerie Nationale, Paris 15e arrondissement. Bronze Siren-Com/Wikimédia Commons

Tu l’auras ; car, puisant dans ta pierre féconde,
D’Argos à Panama tu vas orner le monde
      D’illustres monuments ;
Tu peuples de héros les vieux ponts de nos villes,
Les continents nouveaux, et les lointaines îles,
      Et les tombeaux dormants.


Pierre Jean David dit David d’Angers, né à Angers le 12 mars 1788 et mort à Paris le 5 janvier 1856, âgé de 67 ans, est un sculpteur français.
Il produit une quantité de monuments, tombeaux, statues, bustes, et bas-reliefs, dont le célèbre fronton du Panthéon de Paris en 1837. Dans les années 1830, il sculpte une importante série de portraits en médaillons de personnalités contemporaines dans laquelle il applique les principes de la phrénologie à un niveau esthétique.


Fronton où est inscrite l'épigraphe du Panthéon, orné du bas-relief sculpté par David d'Angers en 1837.Kadellar/Wikimédia Commons

Ami du poète Aloysius Bertrand, il fait éditer à titre posthume son recueil de poèmes Gaspard de la nuit en 1842.
En 1848, il est élu représentant du peuple par le département de Maine-et-Loire et, en 1852, il quitte la France et fait route vers la Grèce. Sa santé déclinant, il rentre en France où il meurt le 5 janvier 1856. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise de Paris (39e division)



Wikipédia

4 commentaires:

  1. De bien beaux mots et de superbes sculptures.

    Bises et belle nuit Claudine

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  2. J'aurai encore appris grâce à toi et tes articles très instructifs.
    Merci de ton commentaire, et oui, Pépita est une vraie minette mais elle saute très rarement !!!
    Merci Claudine et gros bisous

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  3. je ne connaissais pas cette poésie.mais le rêve qu'il écrit...s'envole et s'y exprime une belle philosophie....j'aime la décoration héraldique qui l'entoure........bonne soirée....bises amicales
    claude

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