jeudi 6 janvier 2011

Costumes d'enfants, miroir des grands (1)

Musée Guimet Exposition jusqu'au 24 janvier 2011 Tous les jours de 10h à 18h sauf le mardi.

Superbe exposition ! Je vous transmets quelques brides du catalogue.

"(...) Le costume d'un enfant doit montrer à tous qu'avant d'être un individu à part entière il est le descendant de ses aïeux, inscrit dans une lignée. Sa relation à ses parents le définit et donne un sens à son existence. Il doit se montrer digne de cet héritage et l'on recherche pour se rassurer dans le comportement même du bébé, des signes annonciateurs de l'adulte qu'il sera. Ainsi le petit garçon chinois devait, par la tonalité de ses premiers cris, faire preuve de la force et du caractère nécessaire à l'exercice du pouvoir. L'enfant est au centre de la transmission ancestrale, c'est sans doute pourquoi il est la plupart du temps vêtu à l'image de son père ou de sa mère, dont il est le prolongement dans l'avenir, promesse d'éternité pour ses géniteurs et toute la lignée de ses ancêtres.
Qu'il porte un costume d'apparat, reflet en miniature de l'adulte en devenir qu'il est censé être, ou bien un costume populaire empreint de coutumes parfois millénaires, ou qu'il revête un habit religieux intimement lié aux cultes, aux rites de protection et aux superstitions diverses, c'est tout un univers qui s'organise autour de lui, petit être fragile et précieux qui porte le poids des traditions et incarne la foi en l'avenir de toute une société. (...)

(...) Cette forme de filiation par le vêtement se retrouve dans bien d'autres pays d'Asie, comme en Chine, où les futurs empereurs arboraient dès leur plus jeune âge la robe dragon. Une pratique qui descendait jusque dans la cellule familiale, où chacun portait, comme à la cour, des costumes correspondant à son statut et à son rang. Pour un petit garçon, revêtir une robe quasiment officielle permettait d'être en position d'émulation vis-à-vis de son père, patriarche et "empereur" du clan familial. Le port de tels habits était censé pousser les jeunes gens à atteindre la même respectabilité que leurs parents.
Les petits garçons n'étaient pas les seuls à être conditionnés à leur rôle futur dès leur plus jeune âge. En Chine, on remettait à la petite fille, en guise de jouet, une fuserole (sorte de navette) en terre cuite, afin de la préparer à fabriquer les vêtements du foyer. En Thaïlande, à l'âge d'un mois, la fillette était placée dans son berceau définitif, où l'on déposait du fil et des aiguilles pour symboliser son rôle à venir. Au Japon, encore aujourd'hui, la transmission matriarcale s'exprime entre autres, par les motifs symboliques (en particulier la pivoine, emblème de féminité), des kimonos et des ceintures (obi) que les jeunes filles portent et nouent à l'imitation de leurs mères lors des cérémonies.
Ainsi, plus l'enfant ressemble à ses parents, plus il est digne de leur succéder, devenant par là même le prolongement de leur existence sur terre.

sari

(...) Les vêtements imprimés portent pour la plupart des motifs de fleurs, de bouquets ou de tiges ondulantes. Ce sont des motifs fréquents sur la plupart des qalemkar, bien que les grandes toiles servant de teintures présentent aussi des décors figurés. L'utilisation de ces motifs sur les vêtements d'enfants, de même que sur ceux destinés aux femmes, peut s'expliquer par leurs symboliques anciennes en Iran : Les enroulements végétaux et les tiges fleuries évoquent la fertilité et la croissance. Mais il est possible qu'ils soient liés aux cérémonies du Nowrouz, les fêtes du nouvel an iranien, célébrées autour de l'équinoxe hivernal, le 21 ou 22 mars. L'origine de cette fête remonte au zoroastrisme, mais a très vite été intégrée par les musulmans iraniens. Les fleurs et les graines germées y jouent traditionnellement un grand rôle, évoquant le renouveau de la nature. (...)
(...) La gamme des couleurs utilisées dans la Chine ancienne - noir, bleu, rouge, jaune et blanc - dépendait du système wuxing, ou Cinq phases. Chaque couleur correspondait à l'un des cinq éléments de l'univers - terre, métal, bois, feu et eau -, à une direction, une saison et un animal. Les dynasties successives allaient adopter leur couleur emblématiques et fixer les caractéristiques des costumes et accessoires désormais autorisés.
Quant à l'iconographie des costumes officiels anciens, elle obéissait à une liste de motifs symboliques : les corps célestes -soleil, lune, étoiles -, la montagne de la terre, la végétation, le riz en offrande, les flammes, la hache, autant d'éléments qui soulignent les liens entre sphères terrestre et céleste, des liens scellés par les rites.(...)

Une prochaine fois, je vous parle plus particulièrement du travail des tissus, des formes des vêtements ou des broderies.

Bisous à toutes et à bientôt

7 commentaires:

  1. ça fait peur ... mais c'est très intéressant ! Merci ! Biz

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  2. très interessant ton blog !!! je m inscris pour ne pas perdre une brode de tout ce que tu nous montre

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  3. j'ai beaucoup aimé cet article...Un grand merci
    amicalement

    romane

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  4. Article très intéressant et original j'ai bien bonne soirée

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  5. Très intéressant, ton article, j'aime beaucoup apprendre les pratiques rituelles et cette notion de filiation par le vêtement amène à de nombreuses réflexions, même encore de nos jours.
    Bon dimanche Claudine, gros bisous

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  6. dommage c'est trop loin, bises
    femmes-en-1900

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  7. Article fort intéressant, tu sais que tout ce qui tourne autour du textile et du costume m'intéresse. Bon dimanche

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