samedi 5 novembre 2011

Amiens et sa cathédrale (suite et fin)

La cathédrale Notre-Dame d'Amiens est la plus vaste de France par ses volumes intérieurs (200 000 m3). Avec les cathédrales de Chartres, de Reims et de Bourges, elle est considérée comme l'archétype du style gothique classique, comprenant aussi des éléments des phases suivantes du style gothique, du gothique rayonnant (notamment le chevet) et du gothique flamboyant (notamment la grande rosace de la façade occidentale, la tour nord et les stalles). Sa longueur hors œuvre est de 145 mètres et sa hauteur sous voûte de 42,30 mètres (proche du maximum supportable pour cette architecture).
Monument historique en France depuis 1862, elle est inscrite depuis 1981 au patrimoine mondial de l'UNESCO.

La cathédrale actuelle occupe un emplacement où plusieurs sanctuaires se sont succédé ; on en sait peu de choses. Le premier édifice date de la fin du IIIe siècle, à l' époque gallo-romaine et au cours des neuf siècles suivants, plusieurs cathédrales furent édifiées. Plusieurs fois des incendies les réduisirent en cendres. Tel fut le cas en 850, lors d'une invasion normande, puis en 1019, puis encore en 1107. Après ce sinistre une nouvelle église, romane, fut édifiée en 1152 dont nous ne possédons aucun document permettant de déterminer ce qu'elle était.

En 1218, la foudre tomba sur la flèche de l'ancienne cathédrale, ce qui mit le feu aux charpentes. Le toit s'embrasa avec une rapidité stupéfiante et bientôt, ce fut l'édifice tout entier qui s'écroula dans les flammes. L'évêque Evrard de Fouilloy décida de reconstruire une nouvelle cathédrale, non seulement bien plus vaste et plus belle que la précédente, mais aussi inégalée parmi les autres sanctuaires de la chrétienté. Il fallait également que cette nouvelle cathédrale par son programme iconographique soit un véritable livre de pierres, qui favoriserait l'enseignement de la religion auprès du peuple chrétien. On parlera plus tard de la Bible d'Amiens.

Et face à ce grand défi, comme architecte, il choisit Robert de Luzarches.



Sauvée de l'écroulement en 1498-99

En 1498, Pierre Tarisel était maistre des ouvrages de maçonnerie. Il s'aperçoit qu'une catastrophe imminente se prépare et va causer l'écroulement de la cathédrale. À l'époque on n'avait pas oublié le désastre survenu en 1284 à la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, dont le chœur qui s'élevait à 47 mètres s'était écroulé. Des travaux d'urgence sont nécessaires et sont effectués pour renforcer les arcs-boutants de la nef et du transept. De plus, les gros piliers de la croisée du transept bouclent sous l'effet de la poussée des grandes arcades s'élevant à 42,3 mètres. Dans un éclair de génie, il va alors cercler presque tout l'édifice d'un chaînage de fer d'Espagne, le meilleur de l'époque. Ce chaînage court dans le triforium de la net et des transepts, encerclant presque tout l'édifice. Il est toujours en place aujourd'hui. Il ne fallut guère plus d'un an pour régler le problème. La cathédrale fut ainsi, non seulement sauvée à l'époque d'une destruction certaine, mais aussi rendue bien plus robuste pour les siècles à venir.


Le pavement et le labyrinthe

Il comporte toute une série de dessins différents répartis entre les différents secteurs de l'édifice. Ce dallage restauré au XIXe siècle, a été conçu et dessiné au XIIIe siècle. Parmi la variété des motifs dessinés on trouve, entre autres, le motif de la svastika ou croix gammée.

La pièce maîtresse de ce dallage est un labyrinthe octogonal situé au niveau de la cinquième travée de la nef. Il est long de 234 mètres. Au Moyen Âge, certains pèlerins venus vénérer les reliques de saint Jean-Baptiste, dont le crâne avait été ramené en 1206 par le chanoine Wallon de Sarton, le parcouraient à genoux, à la manière d'un Chemin de Croix. Ils devaient pour cela suivre la ligne noire. C'était une épreuve que devaient subir ceux qui désiraient se sanctifier, ou gagner quelques indulgences ou encore expier des péchés graves qu'ils avaient commis.

La pierre centrale du labyrinthe est fort intéressante puisqu'on y trouve un texte résumant la fondation de la cathédrale, inscrit sur une bande de cuivre. Au centre de cette pièce, une croix orientée sur les points cardinaux est entourée de 4 personnages : les trois architectes de la cathédrale (Robert de Luzarches, Thomas et Renaud de Cormont) et l'évêque Evrard de Fouilloy. Cette pierre est datée de 1288, date retenue pour la fin de l'édification de la cathédrale.

La pierre qui se trouve actuellement dans la nef est une copie de l'originale, laquelle a été transférée au musée de Picardie.





Une hauteur impressionnante !





De la Révolution à nos jours

Au XIXe siècle, Eugène Viollet-le-Duc, qui avait dressé un rapport alarmant sur l'état de la cathédrale, peu ou pas entretenue au cours du XVIIIe et du début du XIXe siècle, procéda à une restauration parfois controversée de l'édifice tout au long d'une période de 25 ans. Il y a en effet incorporé des éléments que le monument légué par le Moyen-Age n'avait jamais possédés. Il ajouta ainsi, au sommet de la grande façade, une galerie visant à réunir les deux tours : la galerie des Sonneurs.

En juillet 1918, lors de la dernière offensive allemande à l'ouest, la cathédrale tomba sous le feu des troupes impériales allemandes. Mais à la demande instante du pape Benoît XV, les Allemands cessèrent de prendre le sanctuaire comme cible. La cathédrale fut ainsi sauvée. Peu après, l'armée allemande recula au loin, et tout rentra dans l'ordre.

En mai 1940, lors des bombardements allemands qui affectèrent gravement la ville, la cathédrale fut également quasi miraculeusement épargnée.









La clôture du chœur en fer forgé du XVIIIe siècle

Après l'ancien jubé, détruit en 1755, ce fut l'ancienne clôture en pierre du XVIe siècle qui disparut à son tour, en majeure partie du moins. Le chœur fut alors entouré d'une grille baroque, œuvre de Michel-Ange Slodtz, et exécutée par Jean Vevren dit Vivarais. Admirable travail de ferronnerie, cette grille protégeant le chœur est un pur chef-d'œuvre, plus proche de l'orfèvrerie que de la ferronnerie. Au niveau de la croisée du transept, la grande grille ouvrant sur les stalles et le chœur est entourée des statues de saint Vincent de Paul à gauche et de saint Charles Borromée à droite.


























La clôture méridionale du chœur et ses tombeaux

Deux mausolées sont situés dans la partie sud de la clôture du chœur. Les personnalités inhumées sont Ferry de Beauvoir et Adrien de Hénencourt :

Adrien de Hénencourt fit exécuter la première partie de la clôture au niveau de la première travée du chœur, pour servir de mausolée à son oncle, l'évêque Ferry de Beauvoir.

Le tombeau de Ferry de Beauvoir avec son gisant est encastré dans un enfeu de la portion de clôture occupant la première travée du chœur (donc proche de la croisée du transept). Il est surmonté d'une série de niches sculptées, couvertes de voûtes d'ogives, figurant l'histoire de saint Firmin, depuis son entrée à Amiens jusqu'à son martyre puis son exhumation par saint Saulve. Les personnages de ces niches, polychromes, sont très expressifs. Ils portent les costumes de la fin du XVe siècle. On peut ainsi admirer les somptueux atours des notables ainsi que les haillons des pauvres de l'époque. Notez le bourreau vêtu de curieux hauts-de-chausses.

Ce n'est que quelque temps avant de mourir qu'Adrien de Hénencourt fit exécuter, à côté de la sépulture de son oncle, sa propre sépulture. Celle-ci se trouve dans un second enfeu creusé au niveau de la travée suivante du chœur.

Son testament daté du 18 juillet 1527 et ses comptes d'exécution (conservés aux Archives départementales de la Somme) fournissent sur sa construction des renseignements importants. On sait grâce à ces documents que la représentation de la découverte des reliques de saint Firmin (visible dans la partie supérieure de son tombeau) était déjà réalisée avant sa mort. Il ne restait plus qu'à faire son propre gisant et la peinture d'ensemble.

Les portions de clôture du chœur délimitées par les colonnes latérales du chœur sont chacune divisées en deux niveaux horizontaux : un soubassement plein au-dessous, surmonté d'une série de quatre niches racontant l'histoire de saint Firmin. Le soubassement ou stylobate mesure 2,45 mètres de haut, il est peint et sculpté.


Qu'est-ce qu'une miséricorde ? (Trouvé dans "Guide de la France médiévale", par Danièle Alexandre-Bidon, Philippe Bon, Philippe Boitel)

Pour les chanoines debout durant leurs longues veillées de prières, les stalles de nombreuses églises médiévales sont, depuis le XII° siècle au moins, dotées de strapontins - les miséricordes - sur lesquels ils reposaient discrètement "du bout des fesses". La cathédrale d'Amiens en possède 110, sculptées de mille détails bibliques, dont le principale est un monument en dentelle de bois. Il ne faut pas hésiter à se pencher et relever les sièges des stalles pour voir soudain apparaître une floraison d'images sur leurs "miséricordes" et sur les "museaux" (les accoudoirs) sculptés. C'est toute la société amiénoise de la fin du Moyen-Age qu'on découvre : marchande de pommes, boulanger, apothicaire,colporteur, marchande de fruits et légumes, porteuse d'eau, maître d'école primaire, sculpteur sur bois, scribe, pèlerin, lavandière, etc.

A se procurer : D. ety H. Kraus, Le Monde cachée des miséricordes, suivi du répertoire de quatre cents stalles d'églises de France, édition de l'Amateur, 1986

Gros bisous à tous

14 commentaires:

  1. De très belles images que tu nous montres là ! cette cathédrale est majestueuse...
    je te souhaite un très bon dimanche, bises.

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  2. Merci pour ce reportage. C'est presque comme si on y était.
    Bon dimanche.
    Dominique

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  3. ...oui majestueux et quel boulot toutes ces recherches.... chapeau bas madame!!!;-)
    bon dimanche Claudine!!!;-)))))

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  4. Quel beau montage, photos (j'ai cliqué tu penses) et historique. Je n'ai pas eu ce courage ! tes photos sont très belles. Je sais que ce n'est pas facile de rendre ce que l'on voit. Si haute, si impressionnante ! cette impression que l'on ressent quand on entre ...
    Tu comprends mieux pourquoi je lui rends visite si souvent ?
    Merci beaucoup et très bon dimanche
    Gros bisous

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  5. Merci pour ton blog! Qu'il continue à nous enchanter encore longtemps! J'aime les histoires.

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  6. Un magnifique article sur cette cathédrale et des photos superbes!
    Gros bisous Claudine!

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  7. Arghhhh...il faut que je trouve le temps d'y aller!!!...Merci pour cette balade qui me donne bien envie!
    Bon dimanche!

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  8. Superbes photos qui montrent de bien belle façon toute la beauté et la richesse de cette magnifique cathédrale.

    Bisous et belle fin de week-end Claudine.

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  9. Super ton reportage, j'espère qu'un jour je pourrais aller la visiter !!! Bonne soirée !!

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  10. bonsoir Claudine..
    r=très beaux reportage et belles photos..
    mais moi les églises pas mon truc...
    L'extérieur oui je peux faire mais jamais l'intérieur...
    bonne soirée
    amicalement

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  11. Merci pour ce partage Claudine, c'est sublime. Bonne semaine

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  12. wahooooooooooooo ! superbe l'intérieur de la cathédrale et les vitrails sont magnifique ! bisous

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  13. Jolies photos et belle cathédrale ! La prochaine fois vient visiter la mienne, je serai ton guide espécial...

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  14. je ne connaissais pas l'histoire de ce saint ! j'ai du mal à mettre des commentaires cela ne fonctionne pas je retente encore ! je te souhaite un bon marché de noel et je vais aller voir le lien que tu as mis ! merci et bisous

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